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L'orée du monde

     Je me souviens avoir écrit longtemps, il y a longtemps. Puis, plus rien. Des années blanches. Les vicissitudes de l’existence ont accaparé toute mon attention et détruit ce qu’il me restait d’imagination. Un jour, pourtant, que je désirai « couleur d’orange », je me suis surpris à fouiller dans mes archives. Dans ces décombres de papier s’accumulaient des manuscrits, sédiments d’avant la révolution informatique, des tapuscrits ahanés sur une machine à écrire rudimentaire, des synopsis et des élucubrations diverses et variées. Quoi faire de ce fatras ? Un salutaire travail d’élagage me permit de reconstituer deux romans, plusieurs nouvelles et un recueil de poèmes. Celui-ci : L’orée du monde. Les textes le composant furent rédigés durant une période dont les lisières demeurent difficiles à cerner dans mon souvenir. Ils se situent entre rêve et réalité, entre fiction et confession. Ils furent tant revus et corrigés qu’aucun ne correspond avec sa version originelle. Ceci explique aussi la disparité de leur forme : poèmes en prose, aphorismes et pièces versifiées. La seule cohérence interne de ce recueil réside dans le changement, page après page, car, comme l’affirme un dicton : la seule chose qui ne change jamais c’est le changement.

 

Extrait de L'orée du monde.

Tous les chemins de l’été mènent à la mer,

Cet infini secourable aux seules âmes profondes.

Chaque grain de sable, éternel minéral voué à l’éphémère,

Enferme l’énigme du monde.

 

La caravane des dunes menée par la vague

Qui va l’amble au devant de l’azur déserté,

Les rochers nus que d’argent l’écume bague,

La grève prodigue de son or désenchanté.

 

Ici commence l’éternité.

 

C’est la mer en allée,

C’est la mer revenante.

 

Chaque crépuscule dilapide son vermeil,

Tant que le métier de la nuit tarde à tisser

Cette soierie des angoisses qui défait tout sommeil.

J’écoute ton souffle à mon souffle mêlé.

 

Chaque matin nous déprend du corps de la mort.

L’éveil est un miracle dans le parfum levé des fleurs,

Dans cette gloire du soleil, si proche au-dehors,

Qui efface l’horizon dans une brume de chaleur.

 

Ici commence l’éternité.

 

C’est la mer en allée,

C’est la mer revenante.

 

L'orée du monde, poésie

éditions Traversées, décembre 2019

ISBN 978-2-9601658-7-6

broché 15 x 21 : 64 pages

 

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