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Arsenal des eaux

 

L’eau fomente sans cesse des complots de conquête, de comblement. Le moindre interstice lui autorise le passage. Le plus massif des barrages faillit parfois à sa mission sous sa pression. L’eau est espérée autant que redoutée. Elle désaltère de sa douceur l’aurore des moissons, vomit sa boue amère sur les maisons des hommes. Salée, elle mène à bon port les navires, submerge les havres. Sa bienveillance est aussi évidente que ses colères. L’eau recouvre la plus grande partie du monde, sur la terre comme au ciel, et habite nos corps.

Extrait:

 

Tombeau des certitudes

 

L’averse dure et froide

Dame le sol d’ambre

Carde mon corps déjà las

D’être sanglé par ce vent

Qui me démembre

 

Dame le sol d’ambre

Ruisselle sur les chambres

L’averse dure et froide

Les fleurs pourries que je piétine

Sont si loin de l’offrande

 

Sur la crête des croix

Le soir s’arroge l’insoutenable

Un départ de feu froid

Dans la candeur de la pierre

Et ce silence inconsolable

 

Je sais des nuages d’altitude

Ouvrer la soie de nos morts

Tant de visages esquissés

De chevelures de fumée

Tous ces regards d’étoiles

 

Et tombe l’eau

Tombe sur les tombes

Arsenal des eaux, couverture avant.jpg

Arsenal des eaux, poésie

éditions Encres Vives, janvier 2020

ISSN: 0013-7103, ISBN: 2.8550

plaquette : 16 pages

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